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« En soixante-quinze ans, les conventions de Genève ont démontré la différence qu’elles produisent pour les victimes des conflits armés »

Le droit international humanitaire a subi tellement de violations et de distorsions qu’il en a été déclaré mort. Gaza en serait le cimetière. A l’occasion des soixante-quinze ans des conventions de Genève, adoptées le 12 août 1949 et qui en constituent le socle fondamental, nous voulons au contraire les célébrer, rappeler leur vivacité et nous inscrire dans la défense de leur absolue nécessité, à Gaza comme partout où sévissent les conflits armés.
Jamais le droit international humanitaire n’avait fait l’objet d’un tel débat public et d’une telle exposition médiatique. C’est heureux. Ce droit, qui a vocation à protéger les personnes affectées par les conflits armés en offrant des garanties aux individus hors de combat et en limitant les méthodes et moyens de faire la guerre, doit être diffusé le plus largement possible.
Les conflits récents le démontrent, personne n’en est à l’abri, et il est essentiel de s’approprier les règles qui tendent à en limiter les effets. Cela s’accompagne toutefois d’un revers. Compte tenu des souffrances engendrées par les conflits, les attentes à l’égard de ce droit sont parfois irréalistes, ce qui conduit à ce qu’il déçoive.
Le droit international humanitaire contemporain est un droit qui a été façonné pour faire face à une situation d’urgence extrême : la guerre. Que les Etats aient décidé d’amener du droit dans le chaos était et reste audacieux. Il en résulte nécessairement que ces règles sont limitées, dérogatoires du droit commun et parfois moralement difficiles à accepter.
Ce point de départ doit toujours être conservé à l’esprit au moment de juger de sa pertinence et de son efficacité. A cet égard, toute la vivacité des conventions de Genève devrait désormais être mise en lumière par les Etats qui y sont parties (tous les Etats du monde) par le biais de rapports périodiques volontaires exposant la façon dont ils les respectent, d’abord informellement sur le modèle des mécanismes de droits humains, puis dans le cadre d’un processus formalisé d’examen complet et pérenne.
Déclarer mortes les conventions de Genève, et donc leur nier toute effectivité, constituerait un affront à l’égard des personnes qui bénéficient de leurs protections et de celles qui, au cœur des conflits, continuent de déployer leur énergie à en obtenir le respect.
Chargés de plaidoyer d’organisations humanitaires, avocats, représentants gouvernementaux, enseignants ou étudiants du champ continuent de penser qu’elles demeurent valables et peuvent atténuer les impacts néfastes des conflits armés. Cet espoir constitue le terreau fertile des efforts qu’ils mettent à publier, documenter et analyser les violations et les crimes commis dans ces situations, puis à formuler des recommandations aux autorités concernées afin qu’elles se traduisent en plans d’action concrets.
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